Croissants aux amandes maison
Étant la seule française (et l’une de deux Européennes) de ma coloc de 17 personnes à New York, je me dois de représenter la cuisine française (et la mode apparemment, mais ça ça me laisse encore perplexe). Mes colocs et moi avons donc eu une discussion très animée à propos des croissants après avoir pris un petit-déjeuner dans un café à côté de la maison qui faisait des croissants infects. Déjà, pour eux, c’est juste une forme de pain (le mot viennoiserie n’existe pas en anglais). Ensuite ils ne comprennent pas le concept du croissant tout simple, sans fromage, jambon ou chocolat dedans (oui, le pain au chocolat est qualifié de « croissant au chocolat », ce qui me donne des haut-le-coeur). Comme toujours pour la France, une exception confirme la règle : le croissant aux amandes. Mon coloc Colombiano-Américain m’a alors confié que c’était son « gâteau » préféré. J’ai donc décidé de leur prouver la valeur des croissants français et j’ai fait la queue pendant trois quarts d’heure devant la pâtisserie de Dominique Ansel (connue pour ses cronuts, si jamais tu vas à New York vas-y direct) pour acheter des VRAIS croissants, et puis je les ai transformé en croissants aux amandes, ce qui est super facile et qui est une technique parfaite pour utiliser les viennoiseries du lendemain. Mes colocs ont adoré, mais je restais frustrée qu’ils n’aient pas goûté de croissant nature…
Une semaine après, en se baladant dans le West village (pour aller à Magnolia Bakery, pour être honnête, la bouffe toujours la bouffe), on est passés près d’une boutique du Merveilleux de Fred, qui était en train de fermer… Déception immense, je décrivais déjà les cramiques, ces brioches de Noël du Nord, les gaufres fourrées à la vergeoise et au rhum et les merveilleux fabriqués en vitrine… Et puis j’ai toqué pour demander si on ne pouvait pas acheter ce qui restait en magasin. La boulangère était française, elle a accepté de me vendre la dernière brioche, et puis elle nous a offert des croissants et des gaufres. Bonheur total. Mon coloc -qui proteste toujours que le croissant est juste une sorte de pain- est maintenant convaincu de la valeur de la gastronomie française.
En bonus, maintenant, je prononce « croissant » avec l’accent américain.