Il y a fort longtemps, j’ai investi dans des feuilles de gyozas, que j’ai aussitôt congelées en attendant une occasion quelconque de m’y mettre. Je les avais donc complètement oubliées, jusqu’à ce que je fasse le no diet club food tour thème japon (3h de balade dans Paris en mangeant plein de choses et en discutant des choses qu’on mange). Et toutes mes envies de cuisiner japonais me sont revenues en tête, à commencer par les gyozas.
J’ai commencé avec une recette classique au porc. C’est plutôt facile, et le pliage n’est pas trop compliqué, en plus il y a un côté relaxant à faire ce genre d’action répétitive (et puis je regardais une émission sur l’immobilier en même temps donc j’étais doublement détendue, même si je suis pas sûre que la meuf qu’on suivait ait fait le bon choix niveau appart, enfin moi avec son budget j’aurais pas fait pareil). Ils étaient délicieux, alors prochains tests : version végétarienne et surtout faire la pâte moi même…
La soupe de wontons la plus facile mais la plus stylée du monde : des raviolis surgelés, du bouillon en brique, et tu as l’air stylée pour ton dîner de confinement dans les m2 carrés que tu partages comme tu peux H24 avec ton crush/coloc/partenaire/membre de la famille/chat (comment ça le confinement me rend irascible ?) Pour le bouillon, tu peux utiliser une autre sorte selon que tu as chez toi, et tu peux remplacer les raviolis par des nouilles de riz, des udons… Éclate toi.
Rester enfermée était vraiment très compliqué pour moi au début, j’avais du mal à gérer cette frustration par rapport à tous ces plans et ces idées annulées, et face à ce temps vide inutilisable, en tous cas pas comme je le voudrais. Mais maintenant, on trouve une routine (comme quoi), notre nouveau « bar » préféré est la laverie (on amène toujours quelques bières avec notre linge : en attendant que la machine finisse de tourner, on a presque l’impression d’une sortie), on fait le tour de netflix, j’écris des recettes, j’essaie de comprendre comment fonctionnent les SEO, j’utilise L. et ses colocs comme modèles vivants pour dessiner… Comme quoi, on finit toujours par trouver de la normalité dans l’anormalité.
Quand j’étais à New York, je suis allé traîner dans l’East Village, histoire de manger de la bonne cuisine d’Europe de l’Est. Mon guide indiquait notamment un restaurant ukrainien apparemment inoubliable, mais en arrivant, cela avait l’air d’un resto arty trop cher et surtout sans pirogis, ces gros raviolis d’Europe de l’Est à base de pommes de terre absolument délicieux. Du coup, on s’est rabattu sur le restaurant d’à côté, un truc un peu glauque avec une enseigne en néon, qui emmenait en sous-sol. On y a découvert un restaurant incroyable, avec des tapisseries à fleurs et des tableaux de chasse, et des pirogis bons à mourir pas chers du tout. (pour l’info, je ne me souviens plus du nom dudit restaurant mais il est très facile à trouver, il est à côté du restaurant ultra connu Veselka)
Cela m’a remis en mémoire les pirogis que j’avais réalisé avec une amie polonaise rencontrée en Espagne, que j’étais allée la voir à Cracovie. Nous avions fait du vin chaud, et buvions en façonnant et cuisant ce qui m’avait paru être des centaines de raviolis. C’était long, mais c’était bon, et quand j’étais partie, elle m’avait écrit la recette de sa grand-mère sur un bout de papier que j’avais collé dans mon petit cahier de recettes jaune (c’est important, le jaune). Du coup, en rentrant de New York, j’ai retrouvé la recette, dont j’ai adapté la farce au contenu de mon frigo.
Les pirogis sont traditionnellement à base de pommes de terre et d’oignons, mélangés à un fromage de type fromage blanc, mais dans les restaurants, on trouve des variations comme fromage, porc, épinards (les meilleurs pour moi) et champignons : il suffit de remplacer les 3/4 de la purée de pomme de terre par un ingrédient de ton choix. Perso j’ai mis du potimarron (j’avais essayé au potiron mais c’était un peu fade), mais je pense qu’à la patate douce ça peut être délicieux aussi… Bref, n’hésite pas à adapter la farce selon ce que tu as dans le frigo, fais toi plaisir et raconte moi !